VOLVO OCEAN RACE
VOR, Groupama: le grand tournant
Red
La dépression qui s'est installée sur la route directe vers Auckland oblige la flotte à contourner cette zone de calmes. Si Groupama 4 a maintenu son avance sur les Américains et les Espagnols, les 500 derniers milles devraient s'effectuer contre un vent de Sud-Est à Est soutenu, mollissant en atterrant sur la Nouvelle-Zélande. Il y aurait donc du regroupement dans l'air...
« Être en tête de cette étape donne évidemment le moral, mais ce n'est pas l'autoroute pour terminer. Nous allons devoir gérer une zone de petit temps. Cette zone de transition rend les 400 derniers milles vers le cap Reinga au Nord de la Nouvelle-Zélande incertains puisque nous ne savons encore pas si nous aurons du petit temps et du près sur la fin. Il y aura ensuite une seconde zone délicate en descendant vers Auckland. Ce qui offre une possibilité à nos poursuivants de revenir sur nous avec l'arrivée d'un front par l'arrière, alors que nous serons dans de petits airs. Rien n'est donc acquis même avec une avance de plus de cent milles. » analysait Franck Cammas lors de la visioconférence de mardi midi.
Question de timing
Depuis qu'ils ont débordé la Nouvelle-Calédonie par l'Ouest, Franck Cammas et ses hommes ont pu conserver leur marge de sécurité vis-à-vis des Américains, désormais derrière les Espagnols. Il semble que Ken Read ait trop serré le centre dépressionnaire et que Puma soit tombé dans une zone de brises faibles pendant que Telefonica déboule à plus de 18 noeuds vent de travers ! Avec Camper dans le sillage des Espagnols, les Américains sont en passe de rétrograder très fortement en termes de milles et leur placement oriental 50 milles plus à l'Est, ne serait plus un avantage pour finir l'étape. D'ailleurs Ian Walker a vu le danger et Abu Dhabi s'écarte de cette zone pour aller contrôler le voilier chinois devenu menaçant...
La route vers Auckland est encore semée d'embûches, avec une dépression qui sort de l'Australie pour aller se glisser dans les mers du Sud et une autre perturbation peu marquée au large du cap Nord kiwi. Entre les deux, la brise est assez variable en force et en direction. Groupama 4 a ainsi continué sa descente quasiment plein Sud et ses concurrents n'ont pas d'autre choix que de suivre la même voie. C'est donc le moment de l'engagement du grand virage vers la Nouvelle-Zélande qui sera très important. Le voilier français sera le premier à frôler le centre de la dépression, où la brise est inférieure à cinq noeuds, avant de retrouver un flux d'Est d'une quinzaine de noeuds.
« S'il n'y a pas de grandes options à prendre pour tout le monde, la problématique est que les bateaux ne sont pas dans le même timing par rapport à cette dépression : on peut être amenés en étant devant, à s'engager dans une zone sans vent en attendant que la brise revienne par l'arrière... avec les autres voiliers ! Et dans ces circonstances, puisque la route vers l'arrivée rétrécit le champ d'options, il n'y a pas grand-chose à faire. »
Louvoyage final
Ce mercredi soir, l'avance de Groupama 4 devrait donc se réduire comme c'est le cas depuis ce matin : dix milles perdus en six heures. Car Franck Cammas et son équipage sont maintenant en bordure de la perturbation dans un flux qui doit s'orienter au Sud-Est à moins de dix noeuds alors que les Espagnols naviguent encore avec plus de quinze noeuds d'Est. Mais cette situation est passagère, car une fois sur le 31° Sud, c'est à dire au lever du jour aux antipodes, le voilier français sera passé sous la dépression et devrait ainsi toucher une nouvelle brise d'Est de 18 noeuds minimum. Il y a donc un effet « accordéon » à venir, puisque le reste de la flotte aura aussi à gérer cette molle avec une demie journée d'écart.
Ce n'est que sur cette latitude fatidique que Groupama 4 pourra enclencher sa courbe vers le cap Reinga, à moins de 200 milles de l'arrivée. En fait, il est très probable qu'il soit impossible d'atterrir sur les côtes kiwis sans avoir à tirer des bords pour parer le cap Nord. Puis le vent d'Est va mollir dès vendredi : l'anticyclone centré sur l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande va être remplacé par un marais barométrique sur Auckland ! La brise va très nettement décroître au fur et à mesure que Franck Cammas et ses hommes vont louvoyer le long des côtes pour se rapprocher du golfe de Hauraki. Normalement leurs poursuivants ne seront pas à la fête non plus s'ils ont au moins cent milles de retard au passage du cap Reinga, mais dans le cas contraire, un retournement de situation est tout à fait envisageable !
Position des concurrents de la Volvo Ocean Race sur la quatrième étape Sanya - Auckland à 1300 UTC (14h00 heure française) le 07/03/2012
1. Groupama 4 à 696 milles de l'arrivée
2. Telefonica à 149,5 milles du premier
3. Puma à 164,1 milles du premier
4. Camper à 211,7 milles du premier
5. Abu Dhabi à 330,3 milles du premier
6. Team Sanya - à 393,6 milles du premier
07/03/2012 16:24:00
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